Drissa est originaire de Tomas, à 180 km de Ouagadougou. Il a 4 sœurs et 6 frères. Sa famille est polygame. Il n’a vu qu’une fois son père puisque ses parents se sont séparés et que sa mère ne voulait pas que son père vienne le voir. Mais il n’accuse pas sa mère car elle est possédée par un djinn (http://fr.wikipedia.org/wiki/Djinn)...




Enfant, au village, il garde les troupeaux. Mais sa vie était destinée au mouvement.


Il va à Bobo chez son oncle maternel pendant un an (sa mère est alors en Côte d’Ivoire), puis dans un village à côté, à 7 ans, pour faire son CP. Il y reste deux ans, chez la tante de sa mère. Il retourne à Bobo pour continuer l’école primaire, chez son oncle qui est directeur d’une usine textile. Mais il ne peut finir l’école primaire à cause d’histoires de famille, puisqu’il a dû emménager chez un autre oncle, qui l’a poussé à mendier. Il a 11 ans.

L’errance ne s’arrête pas là.

Vers ses douze ans, sa mère remariée et rentrée au Burkina, à Ouagadougou, envoie son deuxième mari le récupérer en train. Elle a cherché une école primaire pour Drissa, mais n’en trouvant pas à côté de chez elle, elle l’envoie chez le mari de sa petite cousine… Qui vole l’argent de l’inscription scolaire pour s’acheter à manger !


La petite cousine et son mari n’aimant pas particulièrement Drissa, ils ne s’occupent pas de lui et il est très mal dans sa peau. Drissa se retrouve à nouveau sans école. Mais un ami de l’homme chez qui Drissa vivait prévient ses parents des conditions dans lesquelles se trouve l’enfant, et sa mère vient. Elle donne de l’argent à cet homme, un militaire, pour qu’il inscrive Drissa à l’école. La rentrée a eu lieu 3 mois auparavant, et Drissa doit tout reprendre à zéro. Mais il est enfin à l’aise puisque le militaire ne le traite pas différemment de ses propres enfants. C’est grâce à cet homme, que Drissa associe à Thomas Sankara, que son rêve actuel est de devenir militaire. Coïncidence, l’homme s’appelle également Drissa.


Il reste là bas deux ans, puis il va retrouver sa mère qui a eu deux autres enfants de son deuxième mariage. Il y continue ses études, mais une énième histoire de famille vient troubler sa scolarité.


Il doit adopter le nom de son beau-père, ce qu’il n’a jamais aimé. Depuis il bataille avec toute sa famille pour obtenir ses extraits de naissance et retrouver le nom de son père. Il n’a réussi à les obtenir que cette année, et les procédures sont en cours.


Comme toute la famille participe à payer l’éducation de Drissa et que tous font pression pour qu’il garde le nom de son beau-père, ils arrêtent de payer les études de Drissa. Il a 22 ans, c’est en 2002.


C’est à ce moment là que Drissa fait un stage de 3 mois à l’aéroport, ce qui lui permet de s’inscrire à des cours du soir pour se présenter à l’examen du BEPC en candidat libre. Il rencontre Vrai Roger et Nyber qui lui parlent de Wécré Théâtre.


Vrai Roger et Nyber reviennent enthousiastes d’une tournée en village, et Drissa les envie… Il en parle à Vrai Roger qui lui dit que quand ils auront besoin de volontaires il feront appel à lui. Une semaine plus tard, le Wécré lance un casting. Drissa se souvient encore de tous les détails de ce jeudi là. Pour passer le casting, il chante. Il n’est pas comédien mais veut apprendre, et le Wécré l’intègre dans la troupe.


Au départ, Drissa ne parlait pas le Moré puisqu’il est le seul Wécré à ne pas être Mossi (il est Samo et parle le Dioula, la deuxième langue la plus parlée au Burkina, la plus parlée en Afrique de l’Ouest). Il parlait très mal le français également à l’époque, mais il a beaucoup lu (il dévore les livres) et s’est énormément amélioré.


Le mot de la fin de Drissa : « Le théâtre c’est comme une étude. Je pense que ça pourrait remplacer l’école. »