Tapi est fou.


Tous ceux qui l’ont connu ou le connaissent vous le diront. Complètement fou. Mais fou dans le bon sens, dans le sens de « libre », dans le sens du gars qui fait ce qu’il a envie, au moment où il en a envie. Du coup il en arrive à prendre des libertés.


Il est venu deux fois en France, un séjour d’un mois et un autre de sept. Ses paroles, ses gestes, ses danses, les jeux auxquels il s’adonne à la moindre occasion ont déconcerté plus d’un français. Mais au fil du temps, on s’habitue, on ne pense plus qu’à rire avec lui, ou à partir dans des discussions qui peuvent sans problème durer toute une nuit.


Le vrai nom de Tapi est Boureima Ouedraogo. « Tapi » a été choisi pour le différencier des autres Boureima. En effet, « Boureima » est un prénom très répandu au Burkina. « Boureima » est un dérivé du prénom musulman Ibrahim, la prononciation étant difficile pour les Mooréphone, le prénom s’est changé au fil des générations en Boureima.


Avant que ses camarades n’utilisent ce surnom pour l’identifier parmi ses homonymes Tapi répétait continuellement cette phrase : même en tapi, on reste wooh ! Comme un terme d’encouragement qui veut dire qu’on doit rester égal à soi même face à n’importe quelle situation. C’était dans les années 93 ; il était revenu dans son village natal après avoir arrêté les études suite à l’obtention du BEPC, ses parents ne pouvant plus payer sa scolarité. Après l’arrêt de ses études, il a travaillé cinq ans au village dans les champs à la saison des pluies, dans des sites aurifères de la province du Yatenga à la saison sèche. Il travaillait à 74 mètres sous terre, l’oxygène manquant à partir de 50.


En 98, il est parti pour la Côte d’Ivoire dans des plantations de cacao et de café, où il a travaillé pendant deux ans avant de revenir à Ouagadougou en 2000. Aujourd’hui, il est maçon. Il a la réputation de fatiguer ses apprentis, qui n’arrivent pas à suivre son rythme… c’est un travailleur acharné. Il fait tout à fond, comme si seule son occupation du moment importait. C’est le doyen de la troupe : 33 ans. C’est aussi le seul à être marié et à être père : il a deux fils Mahamadi, 4 1⁄2 et Karim, 10 mois. C’est l’un des trois percussionnistes de la troupe, avec le Faux Roger et Pacos. C’est souvent lui qui fait office de médiateur lors des campagnes de théâtre forum, il est l’intermédiaire entre le public et les personnages.




On vous l’a dit : tout ce qu’entreprend Tapi, c’est pour le faire à fond.


Le mot de la fin de Tapi : « Il faut noter que j’aime beaucoup les femmes, c’est très important. » « J’ai décidé de devenir fou, sinon le monde m’aurait rendu fou. »